17 février 2018 - Reykjavik
Vol pour Reykjavik - aéroport de Gatwick.
On s’est hâté pour beaucoup de choses récemment. Le rythme de nos vies nous bouscule encore, mais nous sentons les changements arriver, naitre en nous.

Cette semaine de parenthèse s’avère être un besoin profond. Nous nous sentons asphyxiés depuis trop longtemps. Qu’est ce que ce voyage va nous dévoiler?

L’avion a survolé de grandes étendues d’eau pendant plusieurs heures. Puis, depuis le hublot, j’entrevois un bout de terre plat et blanc aux bords angulaires. Ce sont les premiers morceaux de terre d’Islande. Quel accueil surprenant et dramatique !

La terre est ensevelie sous la neige, les côtes semblent avoir été cassées, coupées. A priori, pas d’arbres, pas de forêts, seulement de la neige. Le ciel est gris pale.. nous atterrissons.

20180222-EDCARR-IMG_7209-Pano.jpg

En sortant de l’aéroport Keflavic, nous prenons le bus pour la capitale. L’atmosphère est calme, silence.. je regarde à travers la vitre, la nuit d’un noir profond nous accompagne.

Arrivés à l’appartement de l’Airbnb Sigridur nous accueille chaleureusement. L’ambiance reste plutôt froide, épurée, vide.
On mange notre repas de semoule (plutôt fade), qu’on s’est préparé. Face à face, sans parler, on mange, pendant que la télé, que Sigridur regarde d’un volume bien trop fort, nous crache ses paroles infernales.

“Le soleil se lève à 10h du matin” nous lance t-elle. Quel endroit étrange..

20180220-EDCARR-IMG_6873.jpg

En ce début de voyage, je pense à G&S, cette formidable aventure que l’on a la chance de vivre. Les doutes qui se sont invités plus d’une fois dans mon esprit, tout comme maintenant, en ce début de voyage, une légère appréhension de l’inconnu, alors que j’entends en moi :” dans ce voyage, comme dans le projet, tu vas découvrir des merveilles.. savoure le”.

18 février
Nous sortons de l’appartement pour découvrir les environs. Cette partie de Reykjavík n’est pas très jolie. Ici il y a peu de place pour l’esthétique. Dans un environnement aussi rude, la neige, le vent et les congères imposent une organisation fonctionnelle qui prime sur la beauté.

90% de la population vit à Reykjavik, le reste du pays est une immense étendue de nature sauvage.

19 février
Nous avons suivi les conseils de Sigridur et prenons une voiture de location. Nous quittons Reykjavík et filons au milieu de magnifiques spectacles lunaires.
Autour de nous, des prairies immenses, couvertes de roches saillantes. Au loin, des massifs montagneux enneigées nous regardent passer. La route est droite, nous arrivons bientôt au crater ‘Kerid’.

20180219-EDCARR-IMG_6220.jpg

Petit crater au milieu de nul part, il fait partie de ce que les Icelandais appellent le ‘Golden circle’. Au fond du cratère, un lac d’un bleu étonnant, semble endormi par la glace.
Un petit peu plus loin, on découvrira le geyser Strokkur. On n’a pas l’habitude de voir la terre fumer pour d’autre raison qu’un feu de bois. Ici, c’est de la vapeur d’eau qui sort des entrailles de la terre.

Le vent nous malmène sans gêne, la pluie nous fouette le visage, le sol est gelé, et comme par magie, la terre crache des eaux bouillantes. La vapeur s’échappe à différents endroits un peu plus haut sur la colline. Puis, des bouches d’eau béantes dévoilent les cavités de la terre aux couleurs cristallines.
On se sent invités par ce temps glacial, à plonger dans ces profondeurs chaudes et bleues turquoises.

Ces sources chaudes, alimentées par les chaleurs profondes du magma sous terrain, sont de véritables piscines. Il est possible de se baigner dans les lagoon, été comme hiver, sous le soleil comme sous la neige.
Au ‘secret lagoon’, les gens se baignent dans un paysage de glace. Entouré par la neige, le lagon souffle sa chaleur d’une fumée réconfortante. Nous passons notre maillot de bain et tentons de braver le froid avant d’accéder aux marches du lagon. Dès le premier pied dans l’eau, on commence à retrouver le sourire, jusqu’à pénétrer dans ses eaux chaudes avec délice.

20180219-EDCARR-IMG_6346.jpg

Notre corps est instantanément envahi par une sensation de douceur, comme enveloppé dans un drap de chaleur et d’intense détente.
Le visage détendu, on reste là, immobilisé par un pur bonheur.
Cet endroit nous apporte quelque chose de bien plus fort qu’une simple source d’eau chaude. La roche qui nous accueille semble chargée d’une énergie puissante qui nous donne cette sensation d’être massés dans tout le corp.

Elle nous murmure : “cher visiteur, relâche tous tes soucis, laisse toi aller dans mes eaux, tu peux me confier chaque cellule de ton corps, je vais te soigner.”

20180220-EDCARR-IMG_6536.jpg

Le temps change très vite en Islande, on nous conseille vivement de consulter le site météo régulièrement.

D’ailleurs, souvent, les routes sont fermées pour cause de tempête de neige. Les journées sont courtes, mais suffisamment lumineuses pour dévoiler sa beauté mystérieuse.

20 Février, une autre planète !
Le paysage de glace, ces étendues glaciales sont d’une beauté brutale. La chute d’eau que nous visitons, appelée Skógafoss est époustouflante. Haute de 60 m, l’eau chute dans un paysage de ruisseaux et de déserts blancs.
Un peu plus loin, le volcan Eyjafjallajokull regarde fièrement l’océan.
A ses pieds, les écumes blanches des vagues puissantes déferlent sur la plage de sable noir. Les rochers parsemés sur la plage et dans la vallée semblent être tombés du ciel. Au large, dans le brouillard, les pics de roche dessinés sur l’horizon, déchirent le ciel en pointes coupantes.

20180220-EDCARR-IMG_6762.jpg


L’océan est déchaîné, le temps d’une demi heure, le soleil illumine ce paysage fantomatique. Puis furieusement, le ciel se ferme à nouveaux, ses nuages nous crachent de durs et minuscules flocons de neige au visage. Ces petites particules de neige commencent à envahir la plage et les rochers. Le paysage change en quelques minutes pour passer à un magnifique tableau de points blancs sur fond noir.

21 février

Le centre de Reykjavik est calme. On se dirige au port de pêcheurs pour manger.
Sigridur nous a recommandé d’aller au Seabarron. C’est un restaurant adossé au port. Localisé dans des petites baraques de couleur bleues vives, le Seabarron est spécialisé dans les poissons, fruits de mer.

20180220-EDCARR-IMG_6791.jpg

En entrant dans cette cabine, on imagine déjà les pêcheurs revenir de longues sorties en mer pour venir se restaurer autour d’une table chaleureuse. Une planche en bois massif sur des tonneaux en guise de table. Des bidons améliorés d’un coussin pour les tabourets, et nous voilà attablés devant une soupe de homard et une brochette de flétan. Le poisson est d’une fraicheur délicieuse, la soupe est succulente et le prix abordable. C’est une endroit authentique où l’on peut déguster la cuisine locale à un prix intéressant. Notre seul et unique sortie au restaurant, mais nous y retournerons avec grand plaisir.

BnB de Brautarholt
Paysage d’une beauté choquante. Le panorama est si imposant que l’on reste bouche bée devant.
Comme si le cerveau ne pouvait pas tout assimiler d’un coup. Les distances, les couleurs, l’espace infini, les montagnes, l’horizon, le climat, l’océan à perte de vue. Tous nos sens sont pris d’assaut, c’est époustouflant.

20180220-EDCARR-IMG_6706.jpg

Petit déjeuner : c’est un festin ! Ed et moi savourons toutes ces nouvelles saveurs. Des fromages, du hareng mariné, des pancakes.

La balade en solo
Mon sac à dos, mes chaussures de rando, ma veste bien chaude et mon bonnet, je marche à mon rythme en direction de l’infini.
Petit point dans cet espace grandiose, je marche librement. Mon corps est en accord avec moi. Tout va pour le mieux du monde. Je savoure ce moment d’éternité dans ce spectacle qui change de décor aussi vite qu’il change de temps.

Cette semaine en Islande fut merveilleuse. Elle m’a permis de me mettre en contact avec ma boussole intérieure et de retrouver ce qui nourrit mon coeur : le voyage, la découverte de nouveaux paysages, de nouvelles personnes et de saveurs. L’autonomie, ce dont j’ai besoin avec moi. La marche avec un itinéraire en ligne. Le challenge. Me retrouver seule, écrire. Réussir à faire avec peu.

L’Islande peut être douce, chaude, puis froide et cinglante l’instant suivant. Cette la nature à l’état brut. Saillante, angulaire, glaciale, violente, et en même temps, réconfortante, invitante, mystique, et d’une beauté envoutante.

Ed et moi ne nous sentions pas ‘invités’ à notre arrivée par ce monde qui pouvait sembler rude, mais nous sommes maintenant tombés sous le charme de cette nature magique.

20180220-EDCARR-IMG_6923.jpg

Comment